Les villes vraiment intelligentes apprennent de leurs habitants

Nous vous proposons de partager dans cet article nos réflexions sur le concept de la Smart City, cette ville du futur centrée sur le bien-être de ses citoyens et l’optimisation de ses services publics, notamment grâce aux nouvelles technologies.

Les Smart Cities n’existent pas (encore)

Il existe de nombreux projets en développement : la ville de Songdo en Corée, Toronto et ses quartiers intelligents ou encore Masdar city aux Émirats Arabes Unis. Mais rares sont les projets aboutis et remplissant leurs objectifs de départ. Si l’on prend l’exemple de Masdar, les décideurs ont repoussé la fin du projet prévue en 2015 à 2030. Ils sont aussi revenus sur plusieurs objectifs initiaux comme l’idée d’une ville autosuffisante en énergie.

Les villes sont pour l’instant en phase de test de ces innovations. Aujourd’hui, nous préférons donc reprendre le terme de « Learning City » introduit par le récent rapport de « Across the Block ». La vocation de la Learning City étant de devenir une Smart City.

C’est pas la taille qui compte

Les grands projets émergeant du désert sont des prototypes en compétition pour servir d’exemple aux développements mondiaux des Learning Cities. Des sortes de laboratoires de l’innovation. Mais en réalité, les villes du futur seront le prolongement de nos villes contemporaines.

Il est important de capitaliser sur l’existant et ne pas prôner la nouveauté à tout prix. D’abord, parce que la nouveauté a justement un prix. Il est toujours plus coûteux de créer que d’améliorer. Ensuite, parce que de nombreuses innovations encensées un jour deviennent obsolètes les années suivantes. La stratégie adoptée par les villes doit ainsi s’inscrire sur le long terme.

Le concept de la Learning City n’est pas réservé aux grandes métropoles. À terme, chaque ville indépendamment de sa taille peut devenir une « Smart City ». Les solutions qui se développent doivent donc aussi leur être accessible.

Big Brother should care for you

La population prend de plus en plus conscience du potentiel énorme des données personnelles et s’inquiète des « big brothers » en devenir. Le quartier futuriste de « Quayside » à Toronto en est un exemple concret : le projet a soulevé la méfiance de ses habitants quant à l’exploitation des données. Il a engendré un mouvement de protestation contre Sidewalk, la société sœur de Google, qui a finalement abandonné le projet.

Il est donc primordial de généraliser les bonnes pratiques et l’encadrement de l’utilisation des données, afin de poursuivre le développement des villes du futur.

Infobésité de la Data city

La focalisation actuelle des learning cities est la collecte d’informations. Le fantasme de l’opérateur public serait de tout connaître tout le temps. Cet idéal a entraîné une course mondiale à l’installation de capteurs dans les villes. Cependant, 3 problèmes se posent :

  • Les données collectées sont souvent inutiles : le COR de Rio de Janeiro – référence mondiale comme centre d’opération urbain – n’utilise que 15% des données qu’il collecte. 85% des données amassées n’ont pour le moment aucune utilité pour ses services.
  • Les informations collectées ne modifient pas les pratiques : même lorsque les données permettent d’informer de façon utile les services publics, ils ne les utilisent pas forcément, car les changements d’organisation nécessaires n’ont pas été mis en place. Par exemple, les poubelles intelligentes signalent quand elles sont pleines, mais le terrain a montré que les équipes de ramassages ne modifient pas forcément leurs parcours de collecte.
  • Le coût est élevé : l’installation de capteurs nécessite un lourd investissement. Les grandes métropoles peuvent s’en équiper, mais c’est une contrainte pour la plupart des villes et leur maintenance est également coûteuse.

Partir du besoin plutôt que de la donnée

La qualité prime donc sur la quantité. C’est sur ce modèle que se développent les villes efficaces et soucieuses de rentabilité aujourd’hui. En s’équipant par exemple d’hyperviseurs rassemblant les données fiables et utiles sur leur territoire. Il n’existe ainsi pas qu’un seul modèle de Learning City : la collecte de données doit avant tout partir du besoin et non de la donnée. Enfin, il est nécessaire de former les services publics à l’utilisation de ces données. Et cela passe par des réorganisations, volet souvent fortement sous-estimé dans les projets innovants.

Le Smart citizen, une source d’information de valeur

Les collectivités l’oublient souvent, mais les premiers acteurs sur le terrain sont … les individus !  Ils constituent une source énorme de données, très utile particulièrement pour l’information en temps réel. Le tout est de savoir les utiliser de manière pertinente.

En effet, l’information est traditionnellement diffusée de manière verticale, de l’opérateur à l’utilisateur. Mais elle est également transmise de manière horizontale, entre utilisateurs, via des applications collaboratives. Une méthode efficace permet de fusionner ces deux approches pour que l’une complète l’autre. C’est le principe de fonctionnement des solutions de Nextérité, qui combinent à la fois les données des utilisateurs, des opérateurs et des autorités. C’est de cette manière que l’information peut être exploitée de façon la plus optimale possible, permettant au citoyen de devenir un agent actif du collectif, en utilisant des outils mis à disposition par les opérateurs et collectivités.

L’ingrédient secret : l’implication des habitants !

Il est important de toujours remettre le citoyen au cœur des Learning Cities. Il est difficile de l’impliquer dans des projets qui ne l’impactent pas directement. Mais il le fait volontiers à l’échelle de la ville, voire du quartier. Cette participation permet de comprendre ses besoins. Elle peut être développée par des solutions permettant la participation citoyenne, souvent via des applications. Le Smart Citizen peut alors orienter les services publics et les innovations de manière efficiente toujours vers leur but original : l’amélioration des conditions de vie de chacun, à court et long terme. Parce que la ville intelligente s’évalue véritablement à la satisfaction de ses habitants.

Thomas de Nomazy